Brunie et recroquevillée, la feuille exsangue fut décrochée
de l'arbre par un coup de vent, suspendue un instant dans les airs, puis
déposée lentement à terre. Elle rejoignit ses compagnes qui formaient déjà un
tapis confortable et bigarré : jaune, rouge ou violet tacheté de brun ou de
vert persistant. Sèches et friables ou encore souples et douces, elles
confirment la présence bien installée de l'automne.
C'est ce que le petit poisson de l'histoire n'avait pas
compris : les canards ont migré, le têtard s'est transformé, le castor est
occupé, les nénuphars sont fanés, il ne peut plus s'amuser... Mais il croit
bientôt apercevoir un nouveau compagnon de jeu qui n'est pas très bavard :
celui-ci reste à la surface de l'eau et, obstinément muet, se laisse entraîner
par le courant. La curiosité piquée au vif, le petit poisson pointe son nez
hors de l'eau... et peut alors contempler la venue colorée de l'automne, qui
avait rendu ses amis si bizarres et parsemait l'eau de petites feuilles, qui, depuis
les profondeurs, faisaient penser à... d'autres poissons !
Mais les enfants, eux, ne s'y sont pas trompés et ont tout
de suite deviné de quoi il s'agissait ! Ils ont d'ailleurs bien apprécié de
pouvoir se passer de main en main les feuilles de différentes formes et
couleurs (dont certaines ont fini déchiquetées...) et les deux marrons lisses
et brillants soigneusement ramassés à la Pépinière juste avant l'atelier...
Puis la formule magique, annonçant une deuxième histoire,
vient calmer les enfants un peu agités: il s'agit cette foisci d'un petit
garçon, Anton, qui essaie de rassembler toutes les feuilles mortes du parc en
un énorme tas. Mais l'une d'entre elles lui donne du fil à retordre : elle s'envole,
tournoie, passe entre les branches, se promène au gré du vent automnal, et ne
semble pas vouloir se joindre au tas d'Anton... Celuici appelle donc ses amis
à la rescousse, mais rien n'y fait : elle les nargue et reste inaccessible
alors même qu'ils grimpent sur un escabeau pour l'atteindre !
Ils mettent tant de zèle à vouloir l'attraper que,
lorsqu'elle arrive finalement (d'ellemême) au sommet du tas, ils finissent par
le faire exploser et le transformer en un gigantesque nuage de feuilles, vite
dispersé dans le parc... Beaucoup de peine pour peu de chose ! Mais chacun
ayant attrapé une feuille au vol, Anton et ses compagnons, tout contents,
rentrent prendre un goûter bien mérité chez leurs parents.
Ce que font aussi les impatients du groupe : retour à la
garderie pour les dessinateurs en herbe ! Quelques uns restent pour une ou deux
dernières histoires et un petit échange plus personnalisé puis retournent voir
leurs amis et finir leur goûter...